Au Sénégal, la famille constitue le terrain privilégié de l’investissement politique de certains mouvements politico-religieux islamistes. Le code de la famille a donc été le point d’achoppement des différentes conceptions juridiques de l’organisation des rapports familiaux et constitue, de ce fait, un enjeu fondamental.
Un projet de code de statut personnel applicable aux musulmans et devant se substituer au code actuellement en vigueur a ainsi été proposé au cours de l’année 2002 par le Comité islamique pour la réforme du code de la famille au Sénégal (Circofs). Maître Babacar Niang, leader du Circofs, justifie la réforme comme suit :
« Il serait [ ...] faux et dangereux de se contenter de simples modifications de tel ou tel article de l’actuel code de la famille. [ ...], il convient de respecter la liberté de conscience de chacun inscrite dans notre Constitution en substituant au code de la famille un code de statut personnel qui soumet chacun à sa loi personnelle, c’est-à-dire qui soumet les musulmans à la charia, les chrétiens et les non-musulmans à leur loi personnelle
Circofs, Projet de code de statut personnel, Dakar, Institut…. »
Le Circofs plaide pour une adéquation du droit à l’obédience religieuse de chacun, en en faisant un impératif théologique mais également démocratique. Puisque la communauté musulmane représente la très grande majorité de la population sénégalaise (environ 95 %), elle dispose du droit de vivre et d’organiser son foyer conformément aux préceptes de sa foi. Si le Circofs prétend s’exprimer au nom de cette majorité musulmane, l’existence d’une importante mobilisation en faveur du projet de statut personnel n’est cependant pas attestée. Par ailleurs, la réforme du Circofs n’a pas rencontré l’approbation du président de la République Abdoulaye Wade.